Réquisitoire (Le plancher de Jeannot) - Martin d'Orgeval - 2007 Nous tous sommes innocents. Nous n’avons fait que subir, tricher, mentir, torturer, humilier, anéantir. Nous avons écouté le noir discours qui pourrit notre entendement depuis la naissance. Nous espérions que l’un d’entre nous l’écrive, qu’un seul d’entre nous refuse. Il est l’un d’entre nous. Il est dos au mur. Face à l’humanité. Jean charge un mot, ajuste, tire. Jean charge un silence, ajuste, pilonne. Jean charge une rage, ajuste, démolit. Il est notre voix, notre honte, notre utopie, notre crucifié. Il n’apparaît pas ; disparaît pour mieux nous laisser la place. Ses mots nous autorisent. Son plancher nous complète. Il est l’autre moitié de nous-mêmes, notre origine errante. Il parle du fond de sa chair, ses mots sont de marbre, ses silences s’immolent en gestes définitifs. L’œuvre élève notre misère rampante, défigure nos culpabilités, incendie notre intimité aliénée, retourne lentement le coute...