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Affichage des articles du mars, 2015

le plus blanc

Vite repartir Par le plus grand des silences Revenir à l’enceinte Par le plus blanc des silences Remonter le mur Du plus grand silence Retrouver la dureté Le grand silence Refermer les yeux Au plus grand silence

Laissez-le

Faut le laisser l’animal Pas l’approcher le laisser Pas le nourrir le laisser Pas tenter le laisser Rengainer le laisser Pas de caresse le laisser Pas de mot le laisser Inattention le laisser Incognito le laisser Pas le blesser le laisser Pas le pister le laisser L’animal

Pickpocket

Tu te retrouves avec une peau cette étendue désertée soudain à la surface et ses froissements ses soupirs ses étouffements ses frissons  pour des gestes qui ne se connaissaient pas se rencontrent et parlent comme des retrouvailles tant de choses à te dire cher inconnu je t’aime cher inconnu viens cher inconnu de peau de cheveux de passion ainsi c’est toi. Qui se souviendra des gestes rapprochés près des témoins silencieux la tour de fer noire couverte de lumière et les verticales et le filet de losanges et l’écume blanche et les murmures ponctués de prénoms. Corps à l’isolement éclairés par une nuit nue nuit rue nuit jouit nuit nôtre les gestes soudés à leur nuit des heures pickpocket détroussées volontaires impossible de les taire les bavardes mains bavardes sexes bavards des sentiments ponctuation et te voilà à écrire une histoire. Trou sans fin de la page où incendier bras jambes langues ventres sexes ranimer le feu de mots sous la ligne obscure, la signature des cendres.

l'intranquille

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Revue l'intranquille n°8

La première fois

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Pour la première fois depuis sa parution, je suis invitée à lire et à parler du livre Le Prénom a été modifié. Vive émotion de pouvoir enfin dissiper le silence. Ce sera  le mercredi 1er avril à 19 h 30 , chez Tiasci – Paalam, au 13 rue de l'Aqueduc , Paris X Métro Gare du Nord – Sortie Magenta Merci à  Marc VERHAVERBEKE pour cette invitation

Distributeur automatique

dans les distributeurs automatiques toutes les bouteilles sont vides les canettes les sachets installées envitrinées belle œuvre docilement les masses pour rester humaines automatique en longue queue patientent glissent l’argent composent le numéro espèrent tombent la bouteille la canette le sachet vides automatique le distributeur se creuse l’angoisse se muscle pousse double écrase le premier est le premier ne cédera pas d’un pouce glisse la pièce attend que ça tombe automatique zéro risque zéro sucre emballés désirant emballages le front contre la vitrine bleutée sélection 1  5 derrière les apôtres se battent les enfants âgés partis perdant bruits de chair froissée le sachet vide virevolte tombe au tiroir où s’enfoncer jusqu’à l’épaule automatique s’assoir avec ses jambes la canette bien serrée boire du vide voir du vide une masse vide agrippée aux besoins remplir courir concourir le distributeur vidé ils nous ont ti

La tartine

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  L’assiette explose devant moi, le souffle me projette en arrière. D’une secousse sur la nuque, elle me renvoie en avant je cogne ma poitrine plate contre la table tout rentre dans son ordre : l’assiette moi elle dans mon dos. Quelques minutes avant la prochaine attaque. Avant même qu’elle ne le prononce j'entends son Mange ! La bouche pleine de terreur va falloir avaler. Vomir après si impossible de vomir dehors vomir dedans ma peau. La mécanique se met en marche quelques minutes ça passe atrocement vite ma main se tend. Elle a tartiné le pain de sang, deux tranches collées l’une contre l’autre. Mange ! les décombres de notre guerre éternelle elle gagne pour le moment elle gagne chaque bataille. Le sang, le mien, le sien je ne sais pas. Il traverse lentement la mie des taches rouge éclosent mange mange donc décide-toi . Autour éclosent d’autres vaincus des inconnus frères sœurs père aucun allié leur assiette remplie de cadavres chacun pour soi. Lorsque je lèverai mon armée de

Enceinte

Pas de bruit du calme ne me touchez pas ne me bousculez pas Je suis enceinte Enceinte d’un nouveau livre d’un nouveau texte de personnages d’une langue énorme Laissez-moi votre place approchez comprenez Je suis enceinte Ils bougent en moi déforment ma peau donnent des coups La nuit je pense à lui la nuit ma main caresse mon ventre il grandit Je suis enceinte je marche lentement deux pas je m’arrête je pense à eux je pense à lui J’apprends des mots les mots qui vont l’écrire je chante une nouvelle langue Je suis enceinte Douleurs parfois me coupent le souffle me plient en deux je tombe sur ma feuille électrique j’y suis attachée ça écrit ça s’écrit Port de reine je sais vous me regardez comme je suis grande comme je suis pleine de ce nouveau-né Je suis enceinte Respiration, tout est dans la respiration tu trouves ta place je m’organise nous cohabitons tu m’habites je t’attends Des mois je geins tu boxes je t’aime tu demandes J’ai des fringales et des dis

Trois déchirures

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Unica en trois mouvements verticaux, et un horizontal A déchiré le papier où l’œuvre dessinée Destruction vive sans appel Lambeaux Tu défais Cet insecte à pinces – bête pleine d’œufs pullulent prolifèrent Mandibules crochetées à ton œil Tentacules dressés sur la cuirasse de plomb, lignes folles échappées Car toute ton attention Toute ta tension Est à l’intérieur de ce corps Dedans la cuirasse de plomb L’intestin principal colonne vertébrale de cette menace grosse qui te regarde Deux yeux fichés dans ses flancs modulables, elle bouge vermine Tu l’imagines sur ta peau Tu la sens sous ta peau Peaupières elle bouge ronge tes cellules ton cerveau pond ses œufs dans ta tête Ton regard collé à la main à ta feuille tu définis des zones de beauté, tes traits appliqués dédoublés triples secousses Zones aquatiques et végétales percent les poches remplies d’œufs Tu refuses cette nouvelle éclosion Tu lacères le dessin le trait la bête les œufs la suite

Mes ombres

Mes personnages viennent de l’ombre vivent dans l’ombre voient des ombres. Ombres dans l’ombre ils éclairent ma vie, projettent leurs feux sur mes reliefs. Ils sont ma piste ma pente douce mon penchant mes pensées mes possibles.

Exercices

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Au Salon du Livre de Paris, le samedi 21 mars de 15 heures à 16 heures  sur le STAND P52  avec les éditions Les Carnets du Dessert de Lune    : exercices de d édicaces "Pieds nus dans R. / Barefoot in R.",  "La Patagonie" et "Bec & ongles"

La mal-élevée

Je ne pointe pas à la fabrique du consentement Celle qui excelle à empêcher, non à créer Je les fuis qui donnent des haches et platitudes dans mes univers construits un nerf après l’autre Ne reste qu’un os et je vis près de lui tandis que légers et vides s’empiffrent les larbins d’une pensée pas plus juste qu’une apparence des choses Vos yeux embourbés et cette éternelle saison des pluies que vous crachez sur ma terre Rebroussez chemin, allez ailleurs répandre votre fumier C’est moi la mal-élevée & I’m not so strong

BAROCCO

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Laurent Achard - Perrine Baroque - 2015 Le baroque ce sont des gorges renversées des grappes de raisin, des figues, des travestissements des nudités Des débauches des jeux des libertés L’ivresse à toutes les tables, des excès Initiations bachiques, des baptêmes de vin chandelle plantée dans des croupes offertes Des dents gâtées des sortilèges, des crânes renversés des sabbats outrés Dans un seul cadre agité, chairs affaissées, cœur planté sur une lame, pendu grisâtre au cou gonflé, la Mort assise sous un drap blanc drapé au plus près de ses formes, couronne de fleurs autour du cou, cercle de feu sur les genoux, des cercueils d’où se relèvent les squelettes, des pactes étranges des enfants sacrifiés des créatures cauchemardesques Gestes obscènes masques et loups, jeu de hasard et d’aventures où tricher plie les corps en angles désordonnés Désordres. Désobéir. Vivre aux extrêmes à l’extrême voler violer tuer crier de plaisirs. S’enivrer se baiser se bagarrer. L’envers

Rencontre

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Soirée exceptionnelle à la librairie L’ŒIL AU VERT Mercredi 18 mars 2015 à partir de 19 heures "Troublante coïncidence lorsque deux romancières contemporaines s'emparent du Plancher de Jeannot, œuvre d'art brut exposée devant l'Hôpital Sainte-Anne, rue Cabanis dans le 14ème arrondissement de Paris. Chacune à leur manière, Perrine Le Querrec ( Le Plancher, Les Doigts dans la prose, 2013) et Ingrid Thobois (Le Plancher de Jeannot, Buchet-Chastel, 2015) ont traduit en mots l’histoire et la foli e de Jeannot. Elles nous expliqueront comment elles ont eu connaissance de ce plancher, et la manière dont il a inspiré leurs romans. Elles seront accompagnées par le docteur Anne-Marie Dubois qui dirige le Centre d'étude et d'expression à Sainte-Anne." Librairie L'OEIL AU VERT 59, rue de l'Amiral Mouchez 75013 Paris

trappe

Il existe de nombreuses trappes dans l’identité et l’obsession sur le visage jusqu’au corps des murs au plafond. Il en ouvre une, s’engage. Parfois par erreur parfois de tout son cœur. Trap. Parfois il ne peut plus en sortir son visage au rasoir chaque regard le blesse et ça respire bruyamment au fond de lui. Trappe. Parfois caché il se reprend dans cette faille où il bat les cartes de son identité redistribue le jeu est Roi Atout Choix. Parfois parois. Le grand immobile le tient de tout son poids amplifié, des visages éclosent disparaissent se précipitent et il dégringole de trappe en trappe jusqu’à toucher l’absolu inconnu.

Le bouton

ils s’assoient déboutonnent leur veston se relèvent boutonnent s’assoient déboutonnent à l’aise se relèvent boutonnent compressent la panse de l’allure le rôle tenu par un bouton s’assoient relâchent se vautrent déboutonnent se relèvent boutonnent bien fermés guindés droits dans le costume boutonnent - debout déboutonnent - assis ventre en avant discours et flatulence debout ! boutonnent bord à bord en face boutonnent de concert derechef les chefs boutonnés maîtrisent bien boutonnés se saluent les bonnes décisions, ils ont pris les bonnes décisions assis ! déboutonnent c’est la maison mamaison petits chefs ramollis déboutonnent même la braguette respirent par tous les trous reboutonneront demain bien boutonnés de haut en bas dès la rosée

MÉTÉORES

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Pour l'exposition I COMME ICARE organisée par l' Ecole D'arts Plastiques Denain ,  Samuel Buckman  et Perrine Le Querrec  présentent MÉTÉORES - 2015. Samuel a modifié une carte postale et  Perrine a écrit des mots sur une feuille . Ouverture de l'exposition : SAMEDI 14 MARS à 18 heures salle Baudin, place Baudin à Denain. écrire des mots sur une feuille, visibles mots nus offerts écrire une forme pensante savoir qu'elle sera regardée difficulté de se lire dans un geste exposé une pudeur un risque un soudain face-à-soi à l'invitation de Samuel Buckman mes mots traversent des espaces exigent l'intime expérience très chavirante d'une l'écriture au langage soudée contracture de la main tunnel d'obscurité dédoublements de personnalités impondérables la main le mot - visiblement le signe le sens - visiblement l'enfant la femme - visiblement le vif le secret - visiblement

Definizioni preliminari

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Chaque mot me rapproche de la mort Le crayon calme La main heureuse Je tresse les voix

La criminelle

Elle peut être si aguichante aimantée amante ardente Une tenture lourde glisser la main soulever soupeser La criminelle appelle hérissée de chocs fleur de chair son temps autour du cou poumons abrasés l’agitation à l’intérieur de la désolation

La faim

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C'est debout dans la pièce. Enfermé fort. Debout bouche ouverte, le gouffre et lui. Le papier blanc immaculé, les doigts véloces féroces. C'est debout dans la pièce close la bouche ouverte le papier et les doigts qui s'enfoncent, enfoncent le papier blanc immaculé encore, encore, au fond tout au fond de la bouche grande ouverte vomit le silence dans la chambre close cadenassée. C'est le papier mordu, c’est la salive qui coule, c’est les dents qui serrent les mâchoires se crispent les lèvres se déchirent le papier scie les commissures. Au fond tout au fond de la gorge, gueule ouverte sur le cri hurle et les mots aveugles, le papier imprime sang doigts dents langue mâchoire mots de l'homme debout dans la pièce fermée. Régurgite. Un pas sur le côté, aller chercher la feuille, un pas en avant, retrouver le centre de la pièce, mains au travail allez au travail, approcher la feuille, plus elle est près plus elle est grande, enfoncer encore, autophage, une feuille, deu

Nous tous sommes innocents

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Réquisitoire (Le plancher de Jeannot) - Martin d'Orgeval - 2007 Nous tous sommes innocents. Nous n’avons fait que subir, tricher, mentir, torturer, humilier, anéantir. Nous avons écouté le noir discours qui pourrit notre entendement depuis la naissance. Nous espérions que l’un d’entre nous l’écrive, qu’un seul d’entre nous refuse. Il est l’un d’entre nous. Il est dos au mur. Face à l’humanité. Jean charge un mot, ajuste, tire. Jean charge un silence, ajuste, pilonne. Jean charge une rage, ajuste, démolit. Il est notre voix, notre honte, notre utopie, notre crucifié. Il n’apparaît pas ; disparaît pour mieux nous laisser la place. Ses mots nous autorisent. Son plancher nous complète. Il est l’autre moitié de nous-mêmes, notre origine errante. Il parle du fond de sa chair, ses mots sont de marbre, ses silences s’immolent en gestes définitifs. L’œuvre élève notre misère rampante, défigure nos culpabilités, incendie notre intimité aliénée, retourne lentement le coute

Page blanche

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Tu sais je n’écris pas trop Si j’écris trop Tu sais je n’en dis pas trop Si je disais trop Ça déborderait tous ces mots ces sentiments ces secousses Tu sais faut rien penser Retenir passer ailleurs je vais ailleurs je regarde dehors je lève la tête relève mon corps On part on bouffe la ville j’épuise mon cœur et tous ces mots qui chantent autour de moi qui te sont un à un adressés tu sais lorsque je ferme les yeux je te vois tu sais lorsque je me couche je te vois tu sais lorsque j’écris je te vois tu sais lorsque j’imagine je te vois Reste le solide des murs Le bonheur Cligner des yeux Deviner Marcher sur la ligne tremblée Ça fait une vie ça fait une histoire Gravir la montagne Toucher son silence