BAROCCO
Laurent Achard - Perrine Baroque - 2015
Le baroque ce
sont des gorges renversées des grappes de raisin, des figues, des travestissements
des nudités
Des débauches
des jeux des libertés
L’ivresse à
toutes les tables, des excès
Initiations bachiques,
des baptêmes de vin chandelle plantée dans des croupes offertes
Des dents
gâtées des sortilèges, des crânes renversés des sabbats outrés
Dans un seul
cadre agité, chairs affaissées, cœur planté sur une lame, pendu grisâtre au cou
gonflé, la Mort assise sous un drap blanc drapé au plus près de ses formes, couronne
de fleurs autour du cou, cercle de feu sur les genoux, des cercueils d’où se
relèvent les squelettes, des pactes étranges des enfants sacrifiés des
créatures cauchemardesques
Gestes obscènes masques et loups, jeu de hasard et d’aventures où tricher plie les corps en angles désordonnés
Gestes obscènes masques et loups, jeu de hasard et d’aventures où tricher plie les corps en angles désordonnés
Désordres. Désobéir.
Vivre aux extrêmes à l’extrême voler violer tuer crier de plaisirs. S’enivrer
se baiser se bagarrer. L’envers des décors la face invisible des âmes.
Assauts de
chair et des sens sous la lumière d’or de l’Italie. Les corps s’empoignent se
disputent se mêlent. Ils s’accouplent s’offrent jouent des comédies divines sur
le sol de l’enfer.
Un homme
pisse parmi les ruines, Hermès rattache sa sandale, un mendiant joue de son
cistre. Les tavernes sont des Palais, soudain le peuple tient le premier plan.
Les tourtes
à demi-dévorées abandonnées sur les tables de bois aiguisent encore notre appétit
de beautés convulsives.
Les mots s’enfoncent
dans le baroque, la langue perce la peinture à la rencontre de ce qui n’est pas
montré ici.
Au Petit
Palais un abus de langage ne tient pas ses promesses.
Au Petit
Palais l’exposition n’ose pas s’aventurer dans les bas-fonds.
Elle reste
prudemment au bord du vice, à la périphérie de la misère.
Dans le
Petit Palais trottinent des groupes de fourrures, de bijoux, d’appartements
cossus et de privilèges.
Le choix des
œuvres est à leur intention bien-pensante.