UNE PHOTOGRAPHIE DE ROMAN VISHNIAC
Tout est
figé bien sûr puisque plat
Photographie papier plat
Deux
dimensions
Treize
figures peut-être treize tous figés dans un mouvement leur mouvement
particulier mouvement dense regard baissé blessé aucun ne se croise ni regard
ni geste ni chemin ils forment groupe masse unique sur le papier exigu rectangle
net et plat treize vie en danger mouvementé comme un seul homme une seule humanité
trouver des mots mouvants quoi que denses quoi que lourds quoi qu’immobiles sur
la page rectangle plat proie facile aux feux et mains les treize en 1939 dans
le ghetto de Lódz לאדזשער
געטא dans leur hâte arrêtés dans leur phrase suspendus dans leurs gestes empêchés dans les regards
détournés dans l’absence dans l’ensemble sur les visages les vêtements dans la
rue sous ce ciel dans les noirs les blancs les gris dans l’ombre la terreur
nazie le pogrom les patrouilles les sanctions barbelés victimes survivants
séquestration travaux forcés déportation extermination
Une humanité
treize fois touchée treize fois saisie
Ce qui me
point ce qui me touche ce qui me courbe
Treize fois
Les destins
les histoires les sacrifices
En un regard
un seul instant une seule image
Tant de mots
de vies de morts tant de non-dits
Sur du plat silence
sur deux couleurs sur des nuances
Craintes mouvantes
rien ne bouge
La chorégraphie
silencieuse de la mort à venir
L’image où
vivants ils attendent - l’image où morts on les entend
Une photographie de Roman Vishniac – Lódz 1939
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