Soudain Nijinski

 


Délice

Je glisse dans l’enveloppe le contrat signé
Ainsi Nijinski - mon Nijinski sera publié l’année prochaine
Il n’aura pas attendu - nous n’aurons pas attendu - espéré - lente décomposition, refus après silence après refus
Les 3, 4, 5 années, parfois 10 années réglementaires

Publier est toujours un cauchemar - vingt livres plus tard, publier est toujours une désespérance
La même obscurité
Mais voilà
Soudain Nijinski
Mon Nijinski - combien en ai-je croisé depuis 2015, ma sidération, le début de notre histoire ? 
Depuis j’ai choisi ton orthographe, les 3 i de ton nom
Depuis 7 années - archives, articles, discussions, émotions, écritures, vagabondages, extrait
Te retrouver, nos rendez-vous, en bibliothèques, dans ma chambre, dans des couloirs, des séminaires, des secrets, des soirées Filles avec un Cerveau chacune, où par la générosité de Milady Renoir nous nous sommes, pour la première fois, montrés ensemble
Depuis - l’année où une archive a tout fait basculer, la légende, je comprenais la légende, je comprenais que je pistais le mauvais homme, ce n’était pas la légende que je voulais écrire, c’était toi, Nijinski, l’homme fragile, l’homme génie, l’homme du dedans
Alors à mon tour 
                                je me suis effondrée. Sans la main tendue de mon ami Derek, qu’aurais-je fait, que serions-nous devenus, toi et moi, moi sans toi ?
Mais l’ami a dit, d’écrire la légende, d’écrire comment se construit une légende, et d’écrire mon Nijinski, ce chemin jusqu’à toi, ce qu’il a fallu oublier, ceux qu’il a fallu contourner, abattre, enterrer, déterrer, pour te rencontrer

C’est à la Villa La Brugère que j’ai terminé d’écrire
Face à la mer
Relevant la tête tu m’es apparu
Et tu m’as souri














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