Colocation


Les deux anorexiques partagent le même appartement. Deux fils du rasoir qui s'évitent. Une colocation de 412 os qui bataillent entre les murs. Sous leur peau transparente perce la lente agonie. Le silence gonfle leur estomac, calfeutre les issues, voile la lumière.
À la nuit tombée, l'une fait la planque pendant que l'autre s'aventure vers la cuisine aux placards vides. Debout sur un pied, traquée par la lumière blafarde du frigidaire, elle avale deux gorgées, trois bouchées, avant de repartir, titubante, ventre bombé, vers la solitude de son lit.

Notre sang, série double identité, Cathy Burghi, 2010

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Dans leur grande vie apeurée, c'est à qui se taira le plus. Assis l'un en face de l'autre, debout l'un derrière l'autre, couché l'un contre l'autre, ils poussent leur silence devant eux, s'en recouvrent le visage, s'en gavent jusqu'à la nausée. Parfois un livre de sauvetage sur lequel ils s'amarrent. Insuffisant, le silence recouvre tout. Illustration : Kelly Dyson , 2009
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CHRISTA

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how dare you

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  L’oiseau est en cage, la cage ne lui permet ni de voler ni de voleter, ses ailes frottent sur les parois, il sautille une fois d’avant une fois d’arrière il tient dans la plus étroite des prisons. Le chat est dans une cage, il ne peut ni bondir ni s’étendre, d’entre les grilles ses poils dépassent, on lui glisse des croquettes entre les barreaux elles tombent sur ses pattes il se tord pour les manger. L’enfant tend ses doigts à travers le grillage passe deux doigt tord un autre l’enfonce aussi colle son visage contre le grillage ses joues gonflent côté libre ses yeux pleurent côté prisonnière elle tire la langue dans un trou du grillage ses dents cognent muselière elle presse son front contre les croix de fer une marque des marques ^ ^ les orbites frottent contre le grillage et la langue pend et les doigts se cassent et les joues boursouflent et Jeanine fait pareil et Léonie fait pareil nous tentons nous passons à travers le grillage de nos chambres cellules cages sans nous voi
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