L'ENTRESORT

  Face au miroir faire face à face avec soi avec l’autre devenir l’autre une autre, oh les vies que mon corps a vécues  Ce que nous avons traversé Ceux qui nous ont traversée Face to face le visage collé écrasé au tranchant du miroir son froid clinique, oh toutes les vies que mon visage a vécues Ce que nous avons traversé Ceux qui nous ont traversée Image imago ceux qui nous attrapent ce qui nous attrape nous rattrape nous capture les fantômes sous la peau les ondulations les questions oh dire la vérité du visage et celle du corps des enfantements des enfants des enfin le visage et le corps leur pleine vérité leur plénitude leur inquiétude oh les inquiétudes tracées dans le front près de la bouche sur le ventre les réseaux d’inquiétudes de doutes les traversées les longues très longues traversées pour arriver jusqu’à toi le dos chargé le lourd sur le dos les épaules oh les transformations les affaissements les chutes les violences et les douceurs  Comme la peau  Comm...

      Codex est le premier ouvrage publié dans la collection Tiers-voix consacrée aux écritures de l’oral, dédiée à l’émergence de formes issues de croisements entre recherche, création et engagement. Elle accueille des textes venus de la parole, de la performance, de la scène ou de toutes autres pratiques orales qui, souvent, ne trouvent pas leur place dans les circuits éditoriaux traditionnels. Des textes jugés trop oraux, trop instables, trop fragmentaires, trop indisciplinés.     'Codex' (parution le 7 novembre 2025) - COLLECTION « TIERS-VOIX »

  Dans un brouillard de sang Ranger les cadavres Rangées de cadavres Qui commence Qui a commencé Qui a bâti le premier mensonge  Qui a classé Qui a déclassé Qui a démoli le monde Qui est la victime Qui est l’agresseur Qui a fermé la porte Quel est mon rôle Et celui de l'absence Nous avons tout oublié Nous avons des cerveaux défaits Nous n’avons plus de langue Seule la violence dit encore notre existence L'écrasement est total 

  Première vague de féminisme Seconde vague Troisième vague Parfois une quatrième Brisée une fois deux fois trois fois quatre fois aussi Brisée sur les rochers mâles   Survivantes depuis des siècles & des siècles depuis l’origine Qui a subi autant de violence d’exclusion de dénigrement d’humiliations de meurtres d’éradication d’esclavage d’abus Qui ? Les femmes Depuis l’origine les femmes Toujours là toujours là debout là debout toujours pacifistes toujours créent toujours inventent toujours nourrissent toujours combattent toujours résistent toujours vivantes et aujourd’hui Qui ? Qui violées poignardées éliminées génocidées torturées Les femmes Prenons les armes Vite Marchons égorgeons matraquons brûlons fouettons immolons Vite Nous sommes en train de disparaître [Avec Ronan Courty nous jouerons  Rouge pute vendredi 17 octobre sur la scène de L'Estran . Venez Hurlez Venez]

  l’écart s’écarter, oui des lieux-dits, enfin des non-dits, s’extraire l’écart s’écarter se soustraire loin des cercles onanistes foin des fausses alliances   l’écart s’écarter s’enfouir accueillir réfugiés et blessures offrir asile   aucune récompense bandeau rouge médaille  l’écart s’installer dans les profondeurs des vivants hors connexions

  C'est comment le bureau de  celle qui écrit c'est comment les mots leur forme leur matière c'est comment L'invitée est venue  pour voir les mots  le dos de celle qui écrit son outil c'est l'appareil à photos derrière celle qui appareille les mots les dépareille grave encre tape oublie Dans mon dos cette possibilité du déclencheur ce bruit comme d’insecte qui grignoterait derrière ma nuque mes épaules cette tension de l’œil  ce qui advient de laisser quelqu’une pénétrer sa chambre ce qui est sa chambre d’écriture ces fautes d’orthographe liée à la vitesse au comment faire pour que cela passe pour qu’il n’y ait plus que moi et les mots pour que la chambre redevienne  vide de l’autre La chambre claire dit Barthes la chambre est claire la chambre est un bloc de chants d’oiseaux et de dissimulation, de semblants, je fais semblant d’écrire et comme le cliquetis sur l’ordinateur peut faire croire je fais croire je fais semblant mes mots se planquent comme moi pl...

  où doit-elle aller ? au milieu des roses leurs épines serrées courir par bonds chaque bond est une chute les bruits aussi se mettent à courir puis tout s’arrêta même la pensée (qui) était mort ?

  les yeux la source le jardin les pièces de devant les pièces de derrière nids de noix  ventre mou  rond du chat  gras du café ode à la maison – elle gît dans la campagne la table en bois bosselée de pommes l’écaille d’ombre du chien sur le balcon il écoute ma maison est ta maison la lumière dans cette pièce est  d’une lampe d’une masse dehors les lumières se sont tues parlions-nous d’un siècle des lumières ? parlions-nous ?

  Le corps comme Il Se plie soudain Sans prévenir sans retenir sans dire Il Se déboite se range se dérange Il  Disparait en Angles encoignures retenue Le corps qui Parle dit Assez  En langue de coudes de bras de pieds de bave Le corps  Soudain Long  Des mètres des bonds des tremblements des en avant en arrière Le corps de l’enfant L’enfant abusée L’enfant silence l’enfance Le corps alors Soudain Parle part décampe rebrousse rentre Dedans Le corps alors les mains sur les oreilles Toute cette salive à  Avaler toutes ces minutes  Avaler  Ou  Meurt Déborde la salive même  Assise en classe Surtout là  Rien à faire La salive gonfle les joues  Ne pas oublier d’avaler Il Le corps Se tord pitié Ne pas oublier Soudain Gorge dilatée ventre rentré Dans l’ordre Tout est rentré

  Après Feux ,  publié en 2021, je poursuis mon exploration des éléments. Pièces d'eau paraître le 1er septembre aux éditions Bruno Doucey. Aperçu de l'index : • Première moitié du viii e siècle av. J.C., monde grec                    • Vers 240 av. J.C., Archimède, Sicile             • Depuis 50 av. J.C. et le poète Parthénios de Nicée, Grèce                • i er siècle, sources de la Seine, Bourgogne, France                  • Entre le vii e et le xix e siècle, océan Indien et océan Atlantique                    • Depuis le viii e siècle, Hopis, Nouveau-Mexique et Arizona   ...

 "Carole, je pourrais écrire son enfance et ce serait les plus belles pages du livre, je pourrais écrire ses histoires d'amour et ce serait les plus belles pages du livre je pourrais écrire ses espoirs et ce serait les plus belles pages du livre, je pourrais écrire ses errances et ce serait les plus belles pages du livre, je pourrais écrire ses engagements et ce serait les plus belles pages du livre, je pourrais écrire ses renoncements et ce serait les plus belles pages du livre, elle pourrait découvrir la sexualité et ce serait les plus belles pages du livre, elle pourrait renverser des colonnes et ce serait les plus belles pages du livre [...]" Carole est née Aux éditions Les Inaperçus Un livre PLY qui déplie les paupières,  interroge l'écume entre l'image et le mot,  entre la création et la créature, la littérature et ses tentacules.

  samedi 21 juin de 15h30 à 16h30 avec les éditions La Contre allée (stand 609) Soudain Nijinski Le plancher Rouge pute Le prénom a été modifié autant de raisons de nous rencontrer Marché de la poésie Place St Sulpice - Paris 6

  Toute la journée Guerres assassinats meurtres catastrophes viols horreurs horreurs horreurs Génocide liquidation insultes nazillons Toutes les journées Dans la poche dans leur main sous les yeux dans leur chambre En continu Et les parents de quoi parlent-ils, et dehors, et dedans, et la rue, et tout le temps ? À l’école au collège au lycée  C’est pas que les écrans c’est partout Quel visage a l’humanité ? Un visage martelé de coups de crachats d’entailles de terreurs Sans cesse glisser sur les déjections hypocrites malsaines effrayantes honteuses Aucun pied ne portera chance Quelle valeur une vie ? La vie ne vaut plus rien Quelle valeur une enfance ? L’enfance ne vaut plus rien vie = rien enfance = rien L’adolescence n’entend plus que cela ne voit plus que cela est nourri de cela Cela : le carnage à bout portant Sans regret ni compassion Nous survivons dans ce chaos nous avons choisi de donner naissance à de nouvelles vies et de les immerger directement en enfer En enfer En ...

  passage en ville, la capitale où se soigner sinon ici désert capital médical nul ne sait avant de l’avoir éprouvé cet abandon  des malades de la vieillesse des estrangers passage capitale  la scène retourne le ventre goudron où becquettent les pigeons dans des flaques de vomi ici s’ébrouent dans les ifs plus jamais rats seulement oiseaux la fille soignée croise les doigts retourne une pierre plante un bâton prières ne pas tomber malade ne pas tomber

  365 , l'almanach-manifeste de PLY est paru Un livre que nous avons conçu de la première à la dernière page, de la première à la dernière image, de la première à la dernière phrase. Le livre idéal, un livre qui est un chiffre, une somme, une pensée, une concordance.  Une couverture sans nom d'auteur.e, des pages riches de centaines d'archives, de textes, de photographies, pour tisser nos revendications, nos espoirs, nos indignations. Nous en avons tiré 150 exemplaires, numérotés et signés. Vous pouvez le commander en nous écrivant :  contact@duo-ply.fr nous revendiquons le droit à une autre  vie celle qui vous fait peur

  Emma Santos_archive inédite Je regarde des photos de toi. Je regarde encore une fois & encore une fois. C’est la première fois que je te vois autant que je te vois debout assise nue dehors dedans avec une poupée avec des livres, c’est la première fois que je vois , depuis toujours je rencontrais les mêmes deux trois images de toi, portraits officiels, sur les livres ta frange les paupières lourdes et maintenant sur le cuir rouge de la table de bibliothèque, Département des manuscrits à la BNF, je te vois par dizaine dans le classeur noir, les photos prises par Carlos, pour la première fois aussi le voir, lui, mettre un visage sur tes souffrances tes glissades tes dérapages, un visage un corps une allure un sourire sur lui l’HOMME comment il te regarde, comment il photographie ton corps tes seins ta nudité, aussi ton visage, ton regard.  Derniers tirages il y a ton nom entier, parfois C. Santos et tu (?) transformes le C en E, les images d’une vie commune et amoureuse, le...

  Ils vivent dans des caves et des épidémies Ils vivent dans des obus et des écrans Ils conspirent Éteignent Le dernier souffle de la langue

  comme elle aimait c’est vrai ces états limites ces presque morts ces moments journées semaines ces durées ajournées hors du temps hors de son corps hors des souffrances comme elle aimait c’est vrai toutes les drogues tous les dépassements les chavirements tous les suicides cachés comme elle aimait ne plus sentir ses dents ni sa peau ni son poids ni leur regard comme elle aimait c’est vrai marcher à côté d’elle vivre à côté d’elle mal penser mal voir mal respirer mal vivre c’était ne pas vivre avec eux avec elle avec lui avec elles avec luis c’était oublier d’être c’était être le moins possible mais en même temps être ailleurs être là, la différente comme elle aimait presque revivre presque espérer presque croire que tout finirait, finirait bien ou mal mais tout finirait, comme elle aimait serrer ses dents marcher vite les lignes courbes les trous noirs les disparitions c’est vrai elle aimait les yeux à la place des mains les mains à la place du ventre les épaules dans la bouche l...

  Dans une flaque de soleil cinq chevreuils couchés masques de lumière éblouissent flash flash flash flash flash au loin les guerres elle les entend le chien se couche au profond tremble la terre ses dirigeants ses dictateurs ses abuseurs ses opposants sans racine ils étendent leur domination la terre, inconsolable abattus les arbres bourgeonnent encore dans le ciel tourbillons des rapaces    

  elle a ôté l’appareil de ses oreilles les verres devant ses yeux les semelles sous ses pieds elle avance à tâtons à l’aveugle en confiance avec le chien dans les coulées de la forêt avec la solitude dans les coulées de l’écart du museau le chien  pousse  sa main flottante

  Sous un déluge de banalités tu vois la vie comme elle peut être bien rangée Cartes après fiches après mots de passe Range range tu ignores qui te rangera Te mangera Te bouffera T’éventrera Te ratatinera Te recrachera T’éliminera   Sous une pluie de recommencements tu vois ta vie comme elle peut être dérangée Déconnexion après désactivation après disparition Détraque détraque tu ignores qui te rejoindra Qui se ralliera Qui participera Qui en guérilla Qui te soutiendra Qui vivra verra

  j’ai commencé avec le premier mot sur la page son rugissement les mots n’existent plus piégés comme œufs pourris les mots éternel danger des mots d’éternité en danger mots d’éther transformés en guerre  sur la page maintenant des morceaux d’étoffe des déchets de coton des grumeaux de terre des bouts de bois des pièces de fer des fioles d’odeur des souvenirs de fourrure des excréments d’humanité le langage nous a tué nous n’en n’avons pas pris soin suffisamment soin je m’assois sur le porche me laisse glisser le long de mur lentement en tremblant et enfin m’accroupis le silence tient bon  à travers le vaste espace nocturne