La dernière

La porte se referme et m'immobilise.
Si je me retourne il y aura le couloir les placards les chambres de mes sœurs, les chambres de mes frères, vides, totalement définitivement vides.
Je suis la dernière, ils sont tous partis, un par un; si je me retourne il faudra faire face aux années qui m'attendent patiemment, les années seule contre eux deux.
Il en reste neuf. Neuf années.
Le sol tangue légèrement, d'un coin obscur de l'appartement une voix m'appelle, je ne dois pas rester "planter là comme une idiote, tu la reverras ta sœur".
Je suis plantée comme une croix, clous d'abandon aux pieds et aux mains, je me retourne lentement, l'espace s'enroule autour de mes pieds, il vrille tandis que je bascule vers le présent.

Versionen I, Sinta Werner in collaboration with Marcus Wüste, 2011

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