LANGUE-TROU

Elle passe par où la langue, elle passe par ici par dedans elle passe en-dessous en premier, vire au bord elle pousse noue l’ombre avec l’engrais de ma mémoire de mes pensées elle passe par-dessus bord la langue passe devant moi parfois sans un regard mes nerfs optiques un à un se nouent m’immobilisent de part et d’autre il y a assaut de nerfs assaut de sens j’appelle la langue de tous mes désirs ne me laisse-pas ne te détourne pas regarde-moi de tous mes nerfs je la fixe ma rétine décolle jusqu’à la langue si elle décide de se soustraire de se dérober de se planquer je me planque me dérobe dérive me soustrais je passe avec elle des moment difficiles des moments uniques des passages étroits des fissures des fêlures elle et moi langue contre langue de la pointe caresser tes cils je suce ton œil il se rouvrira me regardera m’éloigner langue à mes côtés je passe devant toi elle me tient le bras me tient le menton s’engouffre dans mon visage je le cache si bien je le cache si loin derrière des disparitions derrière des mains derrière des cheveux des crachats des rébellions je ne peux plus regarder le monde troué de guerres ici il y avait une école ici il y avait un village ici il y avait un amour ici il y avait un troupeau ici il y avait un vallon ici il y avait une fête ici il n’y a plus qu’un trou un trou un trou langue-trou un charnier un trou un vide des parpaings qui délimitent le charnier des pierres qui signalent les cadavres des enfants des photographies qui témoignent des yeux brûlés mon langage s’éboule
Coupablement je me tiens devant le langage comment tu vas dire comment tu vas survivre comment on va faire ?
Elle passe par où la langue ?































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