Le prénom a été modifié
La page du Prénom a été modifié est le lieu des mots – la scène
mais aussi
la page est de la taille de la cave de la chambre de la salle d’audience
le piège
en haut en bas les deux phrases-barrages
C’est tout noir et marche devant seule droite avance en face debout
Je m’assois par terre étourdie
Entre : l’indicible
entrent les crimes les cauchemars
les viols
Mettre en scène : passer, repasser par les pages, par les viols, extraire tendre l’attention d’un fragment à l’autre
tendre la tension
la mise en scène mise en présence
mise en vie
miser – sur l’écoute, la saccade le souffle les yeux fermés
trois voix s’élèvent de la ténèbre
trois voix porte-parole
se figent
se perlent
s’approchent
se rebroussent
rampent vers
le rectangle vide
cette absence volumineuse incontournable insupportable
ce trou
l’impact
La voix plurielle circule
de l’une à l’autre de l’un à l’une de l’autre à l’autre
voix plantée dans des corps, voix dressée sur des visages, Le prénom devient prénoms, pluriels
noms / visages / corps
disent la justesse des trois interprètes – leur incarnation qui est compréhension qui est effacement
Trois visages - chacune, chacun, victime de viols
et la place vide au cœur
cernée de chaises, quatre lignes de vous et moi, le rectangle palpite se gonfle se densifie
cette absence ce grand silence ce vide
tombeau
trou béance de nos sociétés
infâme silence infecte culture honteuses complicités abjecte injustice
comment peut-on laisser faire cela ? quel est ce monde
Personne ne sortira d’ici intact
Personne ne sortira d’ici détruit
Il y avait des chaises vides cette fois-ci
des chaises vides comme l’absence d’écoute l’absence d’engagement l’absence indigne
Alors ces chaises vides
pour celles qui sont mortes
celles qui ont dû quitter le monde
celles qui rasent les murs
celles qui se soignent
celles et ceux
ceux et celles
remisées renversées fauchées
pour celles qui sont mortes
celles qui ont dû quitter le monde
celles qui rasent les murs
celles qui se soignent
celles et ceux
ceux et celles
remisées renversées fauchées
niées
ceux et celles
insultées méprisées écrasées
ceux et celles
survivantes
couchées ou debout
plus jamais seules
ceux et celles
insultées méprisées écrasées
ceux et celles
survivantes
couchées ou debout
plus jamais seules
Merci Antea Tomicic, Delphine Horst, Maroussia Pourpoint & Xavier Loira