Sur la taie


Elle se redresse sur un coude, allume la veilleuse : elles sont là, par dizaines, translucides et actives, sautant sur l'oreiller froissé. Les puces de sable se sont perdues, elles ont quitté leur rivage, délaissé le bord de mer pour s'échouer ici, dans son lit, contre son oreille, dans ses cheveux d'algues. Du pouce et de l'index elle tente de les attraper, de les écraser : elle ne veut pas de ces passagers clandestins, de ce monde minuscule qui envahit son lit et ses nuits. Des larmes de rage dégringolent sur ses joues, ses doigts-tenailles pincent les corps aux multiples pattes, aux antennes frémissantes : elles sont trop nombreuses, il faut s'abandonner ou abandonner.

Selfportrait 3, Ana Cuba, 2009

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