La der
La dernière fois au bureau de poste. La der. Entrer, décor
stable guichet minimal – Ne vous
approchez pas nous n’avons rien à nous dire – écrans prêts à poster règle
des 3 cm machines en prise aux usagers égarés. Mais au centre, cette fois-ci,
la der : de dos il vibre de colère et ses cheveux longs ses vêtements
dérangés sa voix fige tout le monde. A ses pieds deux sacs remplis et le carton.
Le canon d’un fusil perce le scotch enroulé à la va-vite autour du colis.
Il hurle : Le canon est abîmé il y a un coup je veux
porter plainte je ne peux plus me servir du fusil, le canon !
En face l’homme de la poste en son gilet gris et blême droit
sur ses pieds : C’est pas de notre faute c’est le paquet qui était mal
fait.
Les cheveux longs se balancent de droite et de gauche l’homme
dressé colère érigée : C’est vous !
Le canon toujours là image improbable image impossible
raideur des usagers - le canon aurait pu fonctionner le fusil fonctionner
l’homme aux cheveux longs et aux vêtements des lointains charger ajuster tirer,
il sort d’où ? Jamais on n’en a vu un comme ça par ici, il sort d’où de
quelle forêt de quels temps quelle sauvagerie ?
- Un coup sur le canon !
- Pas nous, on aurait tout pris, pourquoi remettre des
morceaux ?
- Si vous ! Vous vous vengez de moi !
Blême contre blême. Tellement épais dans le bureau de poste,
ces cris le carton le canon la gueule du fusil les usagers rapetissés, sortir
pas à pas, refluer sortir s’en aller. La der. Dernière sortie dans la violence.