L'ogre
Et l’ogre ?
Il est bien là.
Tu n’y crois pas n’en crois pas le réel criant l’ogre est revenu.
Tu n’y crois pas n’en crois pas le réel criant l’ogre est revenu.
Tu avais cru
Toutes ces
années
[éloigné]
Tu pensais –
terminé
– achevé
– mort
– écarté
Quand il était écarté
Loin de tes cuisses écartées
Loin du monde écarté
Il était
mort de l’ogre mort sous tes propres années tes propres décombres des
containers d’ombres - extirpé de ta vie d’adulte expulsé de ta vie utérine
L’ogre est
revenu
Soudain face
à toi vieilli vaillant, ni l’âge ni le temps ni l’oubli ni résilience ni thérapie
aucun outil.
Aucun oubli
d’oublier ce monstre-là
Dire « Jadis »
le conte à mourir dire « jadis » mais c’est l’ogre est bien là
bien en face de face masque décousu
Tombés tes
bras ta tête tes jambes éparpillés la même peur le même effroi le même silence
d’adulte aujourd’hui la plus forte aujourd’hui au combat la plus grande aujourd’hui
sur le ring la plus vivante aujourd’hui
Tu le vois
nettoyer ses dents encore des lambeaux de toi entre ses dents des lambeaux de
pourriture tu pues
Tu te sens devenir
jamais redevenir morte à jamais morte disloquée
Dans quel
silence tombent les bouts de ton corps superflu les interstices où se démantèle
les cartilages sur lesquels tout le reste repose
Se replier
sur ton terrain
Des mots
brefs et braves