La seconde d'après

Michaël Borremans, Angel, 2013

Naître du vide, naître du gris, naître de rien. N’être de rien. Aucun système aucune histoire aucune tradition. Un motif pur un visage seul un oiseau mort. Geste anonyme visage baissé nuque dévoilée. Leçons d’étrangeté. La transparence et le silence modulent l'attente. Des gestes amorcent. Des corps gisent. La nuque face à son ombre – temps arrêté. Deux enfants têtes penchées vers le ventre lumineux d’un lapin mort. Scène mystique. Peindre à l’identique humains et jouets.  Sectionner les jambes des hommes. Poser le tronc comme un tronc sur une table. Le tronc et son reflet qui pèse et attache. Le reflet donne vie fantomise dédouble floute. Face à face. Dos à dos .Retourner les vêtements, supprimer les vêtements, détourner les usages, supprimer les habitudes, ajouter des prothèses, modifier le statut de l’image, de la vue. D’un détail ébranler. Recouvrir mains et visages de peinture. Cacher. Grimer. Anonymer. Quelque chose d’un jeu stable renversé par notre question. Convoquer Vermeer, Velázquez. Les échelles sans cesse variées, variables. Du voyage ne voir que la nuque, ses paupières de cheveux. Filmer en trois fois, le haut, le bas, l’apparition. A chaque rapprochement bouleverser les visions, porter attention à ce que l’on ignorait. Le visage puis la jupe puis la jupe et les mains puis l’ourlet de la jupe plissée puis les plis et les mains par derrière attachées et sans cesse les ombres la lumière les reliefs. S’éloigner se rapprocher multiplier l’infinité dans l’unicité. Les images ont un poids. Est-ce la seconde d’après ou celle d’avant ?


Exposition As sweet as it gets, BOZAR de Bruxelles, jusqu'au 3/8


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