Borgne


Il y a ceux qui rentrent en couple, et puis ceux qui rentrent seuls.
Celui qui rentre seul.
Léo est celui-là. Régime sec. Au pain et à l'eau. Des mains pour rien. Des hanches pour personne. De la peau pour rien. Des yeux pour personne. Un sourire pour rien. Des mots pour personne. Pas de sexe. Pas d'amour. Pas de vertige. Si, celui de la solitude.
Il rentre chez lui et son corps s'avachit. Se sert un cognac en fixant l'unique étoile clouée dans la nuit. Tente d'oublier sa promenade sur les boulevards. Le cruel soleil d'été qui déshabille les femmes. Leurs jupes touche-moi, touche-moi. Leurs sourires renversants. Leurs seins pointés vers lui. Leurs conversations privées. La jungle de leurs corps.
Léo avale la dernière gorgée, retire son masque et plonge dans la nuit.


Bertram, Markus Schinwald, 2007

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