L'origine du monde
Je me passe de vous, avez-vous peur de moi ?
Je veux
Mon propre désir
Montrer démontrer
Luxure chasteté
Je suis
Votre propre fantasme
La sorcière la cible
L’objet la putain
Je veux
La puissance le pouvoir
Conquérir apparaître
Face-à-face, voyeurs et voyante.
Je veux
Rien n’est stable, l’histoire de l’art déroule ses mythes mais la
femme devant et derrière l’objectif redistribue pouvoir et contre-pouvoir.
Tendue, résistante et désirante elle se joue des excès et des codes, corrompt
la raison.
Elle attire et tient à distance. Elle offre et succombe. Les bras
manquent le corps tient. Les mots flanchent le corps est.
Haute et magnifique, embusquée sous ses cheveux elle débride la
langue. Exposée aux regards, aux désirs, toute puissante, elle connait le
secret, possède le droit d’assouvir et de conquérir son corps d’utopie.
Je suis
Pas Bellmer, pas Araki, ni Molinier, une femme à genoux jambes
ouvertes cuisses ficelées devant une autre femme. Quel désir appuie ici, nait
se répand, dérange et interroge ? On ne regarde pas pour s’encanailler se
palucher se rincer l’œil. Ce qu’ils voudraient c’est un visage sans passé un
corps attaché mais que ce soit eux qui nouent les liens.
La décharge électrique a le goût de la liberté et de la révolte.
Au point de voir l’absolu de la chair.
Je veux
Une expérience des limites délimitée par le triangle des orifices la
courbe du modèle l’angle de la pièce l’objectif de la photographe.
Les membres lacés épellent un alphabet de la chair, l’espèce humaine
parle, le corps souffle gémit dit, grand ouvert revenu à lui. Il tend un miroir
d’Eros où le précipité féminin dans sa magie solitaire entraîne notre raison et
bouleverse une vision du sexe imposée par le pouvoir. Une vision raisonnée.
Figure mentale et sensible, la femme de Cécilia Jauniau atteint l’état
de figure totale, composant dans l’équilibre du langage artistique et du
langage de l’intention le montage symbolique de la sexualité et de l’identité.
Cécilia Jauniau (MS, 2013)