Nos Nuits aux aguets



Surveiller, pas punir
Sécuriser, pas agresser
La bête à quatre yeux
Entend le jour qui tombe
S’en va-t’en rondes 
La Grande, les intermédiaires, les périmétriques
Sécurité de nuit
En compagnie des ombres et du vent
La nuit géométrique découpe les corps
Corps d’usine, corps des hommes
Elle file entre les jambes écartées
Décoiffe les arbres
Ferme ses yeux industriels  
À l’intérieur, le chant des machines
dehors, piles de silence superposé
palettes immobiles, silos muets
cheminées d’acier grattent le ciel
sous l’œil brillant des étoiles.
Se méfier du vent du N-E, glacial
Vent dans le dos, nuit sur la peau
Ils n’ont pas le même visage
Nuit dans la peau
Camouflage
Nyctalopes, cynophiles
Jamais les mains dans les poches
Voient dans le noir, félins rôdeurs
Homme et chien, canines et muscles
Mobiles, immobiles
Silhouettes d’encre sur fond de murs blancs
Dedans, dehors, vérifier les portes
Prévention et kilomètres
Un kilomètre à pied, ça use
Dix kilomètres à pieds 
Grilles, grillages, haies bocagères
silence, alarmes, portes à ventouse, morgue
Tâtent la nuit
du bout des chaussures, du bout des doigts
Ne pas être visible
Ne pas se faire voir
Voir sans être vu
Les yeux derrière la tête
Possibilités d’agression
Voix rauque. 
Ne pas être repéré 
jamais dans le même sens
jamais à la même heure
Être : les yeux
Être : les oreilles
Être les yeux et les oreilles.
Attendre, le plus dur c’est l’attente
en espérant que ça ne se passera pas
l’agression, l’agresseur.
Adrénaline aux aguets, crève le calme opaque
Nuit d’encre où tout semble tapi
Prêt à    -
Et parfois la peur
la peur de ne pas rentrer.



Photo : Isabelle Vaillant - Texte : Perrine Le Querrec 
Nos nuits avec les agents de la sécurité - Guingamp et Rennes - avril 2011


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