Les bas


C'est en cherchant ses clés que le souvenir est apparu. Un passé de quelques heures, enfoui au fond du sac.
Le trousseau s'était accroché à la paire de bas, qui maintenant sortait du sac, longue comme sa tristesse, douce comme sa nostalgie. Elle les avaient emportés au rendez-vous. Parce qu'elle avait espéré l'entraîner dans une chambre close, jouer avec lui, le séduire, l'entortiller dans ses bas couleur chair. Mais dès la première minute, regard pressé, voix détachée, elle comprit qu'elle avait tout faux : faux les talons pour la rapprocher de sa bouche, faux la robe pour inviter aux caresses, faux les bas accessoires qu'elle dissimula comme une dépouille honteuse au fond du sac.
A présent, assise seule sur son canapé, elle les étire, les noue autour de ses chevilles, autour de ses poignets, se fend la bouche d'un sourire nylon, s'aveugle. Y a t'il une date limite à la passion, aux jeux amoureux ? Elle l'a oubliée, ne l'a jamais lue.
Elle écarte les doigts dans le fragile fourreau, puis rapidement enfile le bas sur sa tête.

Devin McGrath
, 2007-2008

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