L'invisible, immédiatement
La photo prend de la place elle prend de la place toute la place
la photo ses couleurs ses non couleurs sa séduction son immédiat il prend de la
place l’immédiat immédiatement comme il est à l’aise et tu la vois l’image la
sensation perception de pensée passée par l’œil l’œil l’œil de la photographie
la rencontre comme un réflexe physique la vision tu regardes devant toi juste
sous ton nez la photographie fait la belle qu’elle soit laide puissante fragile
tu vois regardes elle parle fort prend de la place articule les rictus dans ses
trames elle saisit le vivant rapidement saisi rapidement exposé tu le vois ce travail pensée-œil-doigt soudain articulé ça puncte ça puncte
en un clin d’œil par le petit trou d’où tout est possible
Le mot prend pas de place elle prend pas de place la phrase
impossible à développer dans l’espace confinée à sa page à l’entassement des
pages cousues collées puis rabattre la couverture quand le mot a pris place
dans le livre il est invisible longtemps et longuement invisible discret muet
clame pas ses couleurs ses non couleurs ses émotions pour ça faut l’ouvrir le
livre soulever page après page et puis lire quel effort pour découvrir le mot
laid beau puissant fragile dans sa boite de livre et des mois des années auparavant
encore plus invisible dans la tête du faiseur sur l’écran les cahiers
disparates alors là tu ne peux rien dire rien montrer rien bafouiller ton mot
tu te le gardes tes phrases tes clignements d’yeux tes déclics rien à exposer
rien à proposer le mot il est souterrain il habite les nuits s’articule à l’obscurité
s’accroche aux vides