Dans leur grande vie apeurée, c'est à qui se taira le plus. Assis l'un en face de l'autre, debout l'un derrière l'autre, couché l'un contre l'autre, ils poussent leur silence devant eux, s'en recouvrent le visage, s'en gavent jusqu'à la nausée. Parfois un livre de sauvetage sur lequel ils s'amarrent. Insuffisant, le silence recouvre tout. Illustration : Kelly Dyson , 2009
L’oiseau est en cage, la cage ne lui permet ni de voler ni de voleter, ses ailes frottent sur les parois, il sautille une fois d’avant une fois d’arrière il tient dans la plus étroite des prisons. Le chat est dans une cage, il ne peut ni bondir ni s’étendre, d’entre les grilles ses poils dépassent, on lui glisse des croquettes entre les barreaux elles tombent sur ses pattes il se tord pour les manger. L’enfant tend ses doigts à travers le grillage passe deux doigt tord un autre l’enfonce aussi colle son visage contre le grillage ses joues gonflent côté libre ses yeux pleurent côté prisonnière elle tire la langue dans un trou du grillage ses dents cognent muselière elle presse son front contre les croix de fer une marque des marques ^ ^ les orbites frottent contre le grillage et la langue pend et les doigts se cassent et les joues boursouflent et Jeanine fait pareil et Léonie fait pareil nous tentons nous passons à travers le grillage de nos chambres cellules cages sans nous voi
La page du Prénom a été modifié est le lieu des mots – la scène mais aussi la page est de la taille de la cave de la chambre de la salle d’audience le piège en haut en bas les deux phrases-barrages C’est tout noir et marche devant seule droite avance en face debout Je m’assois par terre étourdie Entre : l’indicible entrent les crimes les cauchemars les viols Mettre en scène : passer, repasser par les pages, par les viols, extraire tendre l’attention d’un fragment à l’autre tendre la tension la mise en scène mise en présence mise en vie miser – sur l’écoute, la saccade le souffle les yeux fermés trois voix s’élèvent de la ténèbre trois voix porte-parole se figent se perlent s’approchent se rebroussent rampent vers le rectangle vide cette absence volumineuse incontournable insupportable ce trou l’impact La voix plurielle circule de l’une à l’autre de l’un à l’une de l’autre à l’autre voix plantée dans des corps, voix dressée sur des visages, Le prénom devient prénoms, pluriels