Dérobée
La
lumière de notre chambre est allumée
J’ai
dit « je suis rentrée ! »
enlevant
mon manteau« je »
une
chaussure« suis »
la
seconde« rentrée »
Je
suis rentrée et tu étais femme
Face
au miroir
habillé
d’une de mes robes
une
bretelle de soutien-gorge ceignait ton épaule
Je
suis rentrée, j’ai vu deux femmes
Je
suis rentrée, j’ai vu trois femmes
Toi,
ton reflet, moi
Du
rouge sur tes lèvres
des
chaussures à talons
même
tes cheveux courts paraissent longs
Je me
suis trompée de maison je me suis trompée de chambre, le miroir me trompe, je
me suis trompée de vie, je me suis trompée d’homme
Je
suis rentrée, tu souris rouge devant le miroir, la robe danse sur tes hanches
Tes
hanches lorsqu’elles sont sur moi et se balancent pour mieux me pénétrer
Je
suis rentrée tu es femme mais quand
je
suis partie tu étais homme
mon
homme je crois
Je
n’ai pas oublié qui tu étais
la
nuit ne m’a pas métamorphosée
mais
toi
ta mue
nocturne jamais surprise
Femme-garou
Le sol
jonché de verre pilé
j’ai
mal à chaque pas vers toi
J’approche
ma paume de ta joue poudrée
ta
peau pas plus douce ta peau d’homme
ma
main descend dans les fronces de ma robe
Ma
robe sur ton corps
Ma
main ne réfléchit pas elle s’empare de ton sexe
Au
miroir je suis dans la robe un sexe entre mes jambes
La
peur arrache mes vêtements
Voir
ce qu’il y a en-dessous
Le visage puis la robe puis la robe et les
mains puis l’ourlet puis les plis et les mains par derrière
Sans cesse les ombres la lumière les reliefs
S’éloigner se rapprocher
Hanches
ventre courbes
Toi
immobile double tranquille
Tant
pis pour le sol qui lacère
je
cours, saisis la lampe, la jette sur le miroir
Je
suis rentrée et tu étais femme
Le
miroir brisé
des
dizaines de femmes chavirent
l’éclat
fiché dans mon cœur reflète
ma
robe
le rouge à lèvres
et ton
sourire