Séminaire
Séminaire animé
par Lise Maurer
Claude Guedj, comédien,
Perrine Le Querrec, écrivaine, auteure de Le Plancher, et Béatrice Steiner, psychiatre et psychanalyste, dialoguent.
Samedi 15 novembre 2014
De 14 heures à 16
heures 30
Institut Protestant de Théologie
83
Boulevard Arago – 75014 PARIS
Participation
aux frais sur place 8 euros
plq, Le plancher de Jeannot, détail, 2014
Jean, dit Jeannot, est né en France en 1939. Jean,
dit Jeannot, a une biographie courte et accidentée. De ses années d’enfance à
son engagement en Algérie, de la mort par pendaison de son père à sa
claustration volontaire avec mère et sœur, Jean dit Jeannot va échapper à la
raison et au monde réel.
En 1971 la mère meurt et les deux enfants, Jeannot
et Paule, obtiennent l’autorisation de l’enterrer à l’intérieur de la maison.
Dès lors, Jeannot devient le plancher. Il se couche
dessus, cesse de se nourrir, il a autre chose à faire : graver son
réquisitoire, s’écrire à lui-même, creuser ses mots. Et y mourir, cinq mois
plus tard.
1993, le plancher est découvert. La survivante du
désastre, Paule la sœur aînée, est décédée. Ne reste rien de cette histoire,
rien sauf le plancher.
Perrine Le Querrec
Le plancher « de Jeannot »
L’histoire
s’est figée dans ce titre désormais attribué à l’œuvre de Jeannot, Jeannot l’enfant d’avant,
d’avant ce plancher contre lequel nous butons maintenant, seul reste de
l’histoire justement.
Perrine
Le Querrec s’en est bien gardée dans le titre de son livre : « le
plancher ».
Certes
les éléments recueillis par Guy Roux et contenus dans le récit qu’il fait de
l’histoire familiale sont de nature à nous permettre de nous approcher d’un
texte « résistant », hermétique, aussi dur que le bois sur lequel il
est inscrit. Un texte qui « décourage l’entendement » comme disait
Balzac en recueillant les propos de Louis Lambert.
Mais
le nom donné, « Jeannot », nous invite à une illusion : celle
d’une possible familiarité - celle « simplement »
d’une triste histoire familiale qui nous conduirait à « comprendre » son issue …en nous
aveuglant sur ce contre quoi nous butons.
Tout
le travail de Perrine Le Querrec est là, accepter de « voir » le
plancher et d’en poser les questions sans se décourager.
Sa
matérialité d’abord : Pourquoi le bois ? Pourquoi le plancher et
pas ailleurs? Pourquoi la taille, les trous ?
Son
déroulement : Quand, comment s’est produit le déclic de ce que l’art
contemporain appellerait peut-être une performance,
mais dont la réalisation, menée à son terme tragique, ressemble plutôt à la
réification d’une conviction intime ?
Sa
forme : un texte et un message en forme de proclamation (devant un
tribunal ??), comme une réponse à des propos supposés - et sans doute pas
toujours à tort -, hallucinés ?
Son
adresse : à qui le message est-il destiné ? les interlocuteurs
sont-ils portés par (dissimulés dans) le plancher lui-même ? Pourquoi ces
mots surlignés de blanc comme un signe au lecteur ?
Sa
langue : y a-t-il une jouissance propre à cette langue inscrite qui engage
le corps tout entier ?
Comment
rendre compte d’une signifiance qui déjoue la signification ?
Le
texte est têtu, récalcitrant : à lire encore.
Béatrice
Steiner
Le Plancher, Perrine Le Querrec, Ed. Les Doigts dans la prose, mars 2013.
Rappel succint : Dr Guy Roux, Histoire du plancher de Jeannot. Drame de la
terre ou puzzle de la tragédie, Photographies de Fr. Stijepovic, Préface
d’Alain Bouillet, Ed. Encre et lumière, 2005
Blog : Animula
Vagula. Onze notes à retrouver dans les archives du blog.
Exposition à
la BNF en 2002. Exposition dans Ecriture
en délire en 2004 à la collection de l’art Brut à Lausanne puis à
Paris (Halle Saint-Pierre).
Martin d’Orgeval « Réquisitoire » Photographies exposées fin
2007 à la Maison Européenne de la Photographie.
Nombreuses lectures du plancher « de Jeannot » et de
l’ouvrage de Perrine Le Querrec.
G.R.E.C
Groupe de Recherches et d’Etudes Cliniques
tel : 01.46.27.85.68