Traquées


Lewis Baltz -  “Tract House no. 17,” 1971


C’était cette année



Pina Bausch. Lewis Baltz. Je découvrais, voyais en vrai, pour la première fois



Je suis sortie de Palermo Palermo en pensant : voilà comment je voudrais écrire



Je suis sortie de l’exposition de Lewis Baltz pensant : voilà comment je voudrais écrire



The Tract Houses. Elles sont mes mots. Densité du noir, du blanc. De l’encre piège. Les pavillons dans ma tête deviennent des maisons traquées. Des confrontations. Des secrets. Des silences aveuglants. Mon cœur se serre, ma cage thoracique devient pavillon. Le cadre découpe dirige, oblige. Une écriture obligée. Désobligeante.




Tract. Ce titre je le lis le transforme. Tract. Traquées. Truquées. Une écriture traquée, truquée. Des aplats de mots. Noirs. Blancs. Cernés. Des phrases cernées, aucune narration rien que du matériau incontournable. Des mots durs, pleins, lourds, aveugles, mats, muets. Obligé de regarder. De vivre-là. Un degré zéro de l’écriture. Une insistance rétienne. La phrase passe par la rétine, tout est là. Laissez tomber les sentiments les explications l’inutile.



Derrière la façade le désastre. L’esprit construit lui-même, de lui-même. La façade ne bouche pas, elle ouvre. Les fermetures ouvrent. Les portes les cadres les fenêtres les seuils. Événements. Impacts. Déflagrations. Réalités. Celles que personne ne veut voir. Que personne ne veut écrire. Regarder différemment, regarder ailleurs, regarder des yeux du cerveau des sens. Écrire de même. Le mot fait forme fait sens. Le mot détoure le sens. Le mot est une saillance. Un objet une condition. Il bloque il impose il suspend.

Des mots pendaisons. Des murs vides. Des gros plans et quelques millimètres d’un sol bosselé. Juste la place d’une phrase. 







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