De loin



Dans la galerie dite de L’aquarium se joue une scène, une scène à observer De loin, une commémoration lente.   
Déposés à hauteur du regard des témoins, des objets, des familiers. Rangés comme la mémoire et ses cases, vides ou pleines. Au cœur de l’espace palpitent un bouleau haut dressé, une musique blessée. Les graines de notes brisent par intervalle le silence des objets, à nos pieds la pluie d’or des feuilles tombées.
De quelle guerre parlons-nous ?
Elle palpite elle avance elle change de nom de visage. Des murs blessés, des murs d’histoires traversées par le quotidien des jours. Des murs qui blessent, épines dorsales ou bois de bêtes, de part et d’autre de grands format crayonnés jusqu’à l’extinction des voix
L’extinction des feux
L’extinction des sens.
Les traits tissent, enchevêtrés striés serrés, à force font nid, fond noir.
Des grands formats autrefois blancs
De grands humains autrefois vivants
De grands paysages autrefois verdoyants
Par des fragments de ce qui fut
Fut entier
Fut vivant
Fut vivace
Avançons, comprenons.
Restent des traces
Quelques pommes de terre
Le moral des troupes
Un nid tombé de l’arbre
A présent sur le piédestal de la mémoire.
Pourquoi se souviendrait-on des héros,
Pas des nids
Pas des clous
Pas des écorces 
Pas des cailloux ?
Tout parle à qui écoute.
Ponctuation immense des papiers noircis d’énergie ; sont debout là tandis que
Une carte à jouer
Deux cristallins de poissons
Ça sent l’humain
Ça sent le carnage
Os d’arbre os d’homme os de seiche
Remontent le squelette de l’histoire.
Sur le flanc un oisillon propre débarrassé de ses plumes de sa chair de sa vie, repose entre des sous-sols de feu, qu’ils sont grands ces formats-feu, cosmogonies qui vont s’éclaircissant, une encre brune comme un cul-de-basse-fosse, une nuit de tranchée, une seconde morte, un ensevelissement de boue, une parfaite implosion explosion. Sortir du noir, les brûlures liquides éclairent la route ainsi je repère l’ennemi la chute le caillou le travers du chemin. Extraction des formes et des signes, équilibre des angles morts.
Débris en tous sens, clous bois cailloux, clous debout, bois levé, cailloux creux, chacun dit, chacun raconte, amorce le geste de celui qui, de ceux qui, de nous qui 
Chemin de ronde, arpentons les boyaux la tranchée, les parcours passés repassés, topographie des multiples et des rencontres ratées, des vies abrégées.
Rompez. Rampez. Tous à l’abri. Infiniment petit l’humain qui passe la porte de la baraque Adrian trapue lisse luisante, sans fond sans fin l’animal tapi. Les distances basculent se bousculent, le petit grand, le grand réduit, évidé, déplacé, recomposé, chaque élément articule sa propre langue. Au cœur même l’abri noir lourd plein lourd transporté lourd posé lourd. De loin s’approcher, de loin s’avancer.
Alors il est cela l’artiste, l’énergie se marche dessus grands gestes entiers et puis minutie, poser l’un sur l’autre près des autres les rebuts, monticules muets et puis un élément par place et aussi grand jardinier et créateur d’écarts renversés.



Exposition DE LOIN


Jusqu’au 18 octobre 2014
Galerie l'Aquarium
8 rue Ferrand
59300 Valenciennes


et

De loin #2 (Dessins élémentaires) 
série issue de 255 Dessins élémentaires accompagnée de grands dessins inédits
à la bibliothèque multimédia de Valenciennes
jusqu'au 15 novembre 2014  


http://unjourestundessin.tumblr.com/ 
http://dessinselementaires.tumblr.com/ 
http://minotaure75.tumblr.com/ 
http://cheranimal.tumblr.com/








 



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