Feu

© Niki de Saint Phalle / Niki Charitable Art Foundation, 2014




Le nombre d’enfants ici
A se croire dans une cour de récré un bac à sable
Ça crie ça rampe ça court
Et puis soudain
Tout soudain
Ça pleure ça trépigne ça hurle
Je veux rentrer je veux partir
Les bras se tendent vers les parents
Les parents bien-portants bien-pensants
La sortie culturelle du samedi matin
Samedi au musée, ouvrir les yeux du petit
Intention obligée, culture biberonnée
Les grosses dames de la Saint Phalle
Les Nanas de Niki
Voilà qui est beau pour nos petits
Mais les petits terrorisés
Devant les accumulations de monstruosités
Bien emplâtrées bien agencées
Sur des corps de géantes des corps mutilés
Des excroissances des trous des amputations
des mères dévorantes
des mariées en linceul
des amants crucifiés
Des coups de feu
Une femme – c’est elle tu vois la dame, l’artiste – qui veut tout faire exploser
Exploser les parents
Exploser les samedis
Exploser les musées
Et qui vise, et qui tire, et qui prend un plaisir fou
A descendre le passé
les formes du présent
les histoires de famille
Coups de feu, mort réelle et fantasmée
La peinture dégouline, vomi coloré
Les exécutions se multiplient
Un enfant pique une crise de nerfs
La mère affolée cherche la sortie
Les Nanas les belles couleurs les cauchemars
Obstruent le chemin
Construisent un barrage
Des parents comme les autres
Accélèrent la visite
Du viol des violences du terrorisme
Ce n’était pas tout à fait
Ce qui était prévu



 Niki de Saint Phalle, au Grand-Palais jusqu'au 2 février 2015













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